Dimanche ensoleillé. Rando jurassienne. Seuls au monde. La plénitude.

Jusqu’à ce que le malheur du randonneur m’assaille. Le caillou dans la chaussure.

Pas le gros caillou dont il est immédiatement nécessaire de se débarrasser sans quoi il t’est impossible d’avancer.

Non non non. Le caillounet, le cailloutis, tout petit, tu le sens il est là, mais “il va bien finir par se loger à un endroit pas gênant”, “et puis je peux quand même encore tenir un peu, c’est vrai quoi, ça me saoule quand même là, de m’arrêter alors qu’on vient de faire une pause, et puis, fait pas chaud, c’est gras par terre, pas trop envie de l’enlever cette chaussure”, et tu continues à avancer.

Sauf que terminée la plénitude. Ah quoi ah oui “on est bien”, si tu le dis. Pensée obsessionnelle pour ce minuscule fichu caillou. Jusqu’à ce couperet: “Arnaud, je m’arrête 2 minutes, j’ai un caillou dans la chaussure”.

Ça y est, c’est dit, plus possible de se défiler.

Alors, avec la grâce du flamant rose (ou pas) tu enlèves ta chaussure, tu la retournes, tu la secoues énergiquement, et tu la remets.

Retour de la plénitude. C’est vrai qu'”on est bien”.

Ça a pris 2 minutes en effet. Pourtant ça faisait un quart d’heure que je me faisais des nœuds au cerveau et que je ne profitais pas pleinement de l’endroit et de l’instant.

Ça te parle?

Dis-moi, quel est minuscule caillou que tu traînes depuis un moment dans ta chaussure?

Si si, tu sais, celui qui grattouille, qui te gêne aux entournures, celui qui certes ne t’empêche pas d’avancer, mais qui probablement t’empêche de t’amuser pleinement dans ta vie.

Peut-être que ça te prendra plus que 2 minutes d’enlever cette chaussure et de la remettre. Mais ça vaut le coup de s’atteler à cette tâche. Pour te sentir mieux après.

Qu’en dis-tu?

Affectueusement,

Delphine